MÉGANE BRAUER
A partir d’anecdotes, d’objets, de tranches de vie, Mégane Brauer (1994) crée des installations et des textes qui mettent en lumière le quotidien des oubliés de la société. L’artiste réactualise une forme d’art pauvre qui préfère les objets clinquants du commerce bas de gamme aux matériaux rudimentaires de l’Arte Povera des années 60.
Pour Le droit à l’oubli, Mégane présente Cry me a river, premier chapitre d’un cycle plus vaste dont les tableaux paysages pourraient être rejoués un jour. Les protagonistes de cette odyssée sont des femmes-gardiennes dont les luttes quotidiennes prennent une dimension épique : lutter pour éviter la saisie et les coups des rois, manger les princes, se défendre, s’organiser, apprendre à nager, crier le son du frigo vide, garder leurs trésors et la mémoire des guêpes dévorées par le silence des lâches et des preneurs.
L’artiste investit trois pièces qui sont autant de facettes de ce récit de la précarité domestique. Dans 3KW, la pièce est vide car tout a été saisi par l’huissier à l’exception du strict nécessaire prévu par la loi –réfrigérateur, ampoule, radiateur limité à la quantité minimum d’énergie de 3KW. Dans la pièce du milieu autrefois dédiée à l’accompagnement social du RSI, on retrouve les extraits du texte Cry me a river. Une dernière salle accueille l’installation Nos gardiennes mortes. Les gardiennes sont des guêpes que l’artiste voit comme « les meufs qui s’entraident, qui gueulent, qui débarquent, qui accusent, qui vengent, mais qui sont finalement bouffées, tuées par les figues. Les figues sont formées naturellement par la mort d’une guêpe pendant la pollinisation de la fleur, la figue utilisant le pollen pour féconder la fleur de figuier ».