MUSEE TRANSITOIRE

BAS JAN ADER

Bas Jan Ader (1942-1975, Pays-Bas) a fait de la chute son sujet : tomber d’un arbre, d’une chaise, d’un toit, tomber en bicyclette dans un canal d’Amsterdam, sans que jamais le geste ne soit ni grotesque, ni drôle, ni insignifiant. Tomber comme une larme qui coule sur une joue, vérifier ce qu’il y aurait de dramatique dans la gravité. Dans ses carnets, il écrit même que son corps s’entrainait à être mort.

«La vie me traitait un peu comme un organisme traite un corps étranger : elle cherchait visiblement à m’enkyster ou à m’expulser » écrivait René Daumal dans Le Mont Analogue. Et dans une de ses rares interviews accessibles, Bas Jan Ader à son tour : «Je veux faire une pièce où je vais dans les Alpes et où je parle à une montagne. La montagne parlera de choses qui sont nécessaires et toujours vraies, et je parlerai de choses qui sont parfois accidentellement vraies».

Ayant réalisé très peu d’œuvres, quelques rares performances filmées par sa femme Mary Sue, sa démarche témoigne d’une œuvre manifeste où se mêlent l’art et la vie. Une recherche radicale et silencieuse, marquée par la dissolution de la présence au monde de l’artiste.

Le droit à l’oubli réactive deux pièces particulièrement vivantes de Bas Jan Ader : la performance The Boy who fell over Niagara Falls, où une personne lit l’histoire d’un garçon qui a survécu aux chutes du Niagara dans un petit bateau, en ponctuant chaque ligne de l’histoire d’une gorgée d’eau avant de se lever et de s’en aller. Ainsi que l’installation 473 Reader’s Digests Digested réalisée par l’artiste dans son garage en 1970 et qui montre un amas de revues iconiques de la culture populaire américaine en train d’être digéré par un tas de terre et de compost provenant du jardin du Musée Transitoire.